La codépendance vient presque toujours d’une vieille blessure de notre enfance.
C'est une stratégie d'adaptation que nous avons adoptée lorsque nous étions très jeunes afin de répondre à nos besoins. Et il n'y a aucune honte à cela. Il n'y a pas non plus de honte à avoir des besoins ou à vouloir les satisfaire.
Les comportements codépendants peuvent être profonds et très inconscients et se manifester de manière surprenante même une fois que vous pensez les avoir totalement résolus. Si vous avez travaillé sur votre codépendance et que vous pensez qu’elle est déjà guérie, je vous encourage malgré tout à rester ouvert. J'ai découvert que lorsque quelqu'un s'empresse de dire qu'il est complètement guéri quelque chose, il y a généralement quelque chose de plus qu'il évite consciemment ou inconsciemment.
Une définition très simple de la codépendance est : Un ensemble de pensées et de comportements qui sont couramment utilisés par les personnes qui n'ont pas satisfait leurs besoins émotionnels dans l'enfance.
Et cela se présente comme :
Si tu te sens bien, je me sens bien.
Si tu ne te sens pas bien, je ne me sens pas bien.
La codépendance nécessite que quelqu'un d'autre soit satisfait, gentil, présent- pour que vous alliez bien.
Ce n'est pas la même chose qu'une personne de qui vous vous souciez ou que vous voulez aider. Ce n’est pas de la compassion. Toutes ces choses sont totalement saines tant que vous pouvez les faire sans attentes. Cela signifie que vous ne faites pas ces choses parce que vous avez besoin de les faire ou avez le sentiment que vous devez les faire.Vous les faites à partir d'un lieu d'enracinement et de connexion à votre moi émotionnel. En accord avec vous.
Si vous faites quelque chose pour amener quelqu'un à avoir une certaine réponse : le faire agir différemment, le faire se sentir d'une certaine manière, vous le faites à partir de votre codépendance et vous le faites plus pour vous que pour lui.
Parfois c'est assez subtil à voir. Il pourrait sembler évident que agissez juste pour que l’autre se sente mieux, que votre comportement ou action est du pur altruisme, mais il se peut aussi que vous identifiez derrière ce comportement que c’est finalement pour atteindre votre propre sécurité émotionnelle ou votre propre soulagement et cela vient alors très probablement de votre tendance à la codépendance.
C’est la raison pour laquelle des comportements et des modèles codépendants se sont formés. Ils nous ont aidés à nous sentir émotionnellement en sécurité ou nous ont procuré un sentiment de soulagement émotionnel pour échapper à quelque chose d'inconfortable.
Être dans la codépendance est incroyablement courant et incroyablement destructeur pour les relations. Parce que la codépendance, c'est être uniquement dépendant d’autrui – mes comportements, mes émotions, mes actions, ne sont déterminés qu’à partir de la peur, qu’avec la recherche ultime de la sécurité affective ou émotionnelle par l’extérieur (ici autrui).
Et quel que soit le domaine dans lequel nous nous sentons dépendants d'une autre personne, c'est un domaine où nous nous abandonnons nous-mêmes. Nous allons cacher, nier ou faire semblant, nous allons éloigner des parties de nous-mêmes, chercher à les faire disparaitre afin de nous assurer de plaire à l'autre - pour obtenir cette chose dont nous dépendons cruellement, ce shoot d’amour, cette dose d’affection, afin de continuer à nous sentir en sécurité.
Se nier, se rejeter et faire semblant sont toutes les formes explicites de l’abandon de soi. Et l'abandon de soi est la marque de la codépendance.
Cette habitude de nier ou de cacher des parties de nous-mêmes pour s’assurer approbation et acceptation démarre dans la petite enfance, avec le système de récompense qui s’appelle communément l’éducation.
« Si tu te comportes bien, à la hauteur de mes attentes, ma réponse émotionnelle est positive, sécurisante. Si en revanche ton comportement ne me convient pas, alors la réponse émotionnelle est violente, agressive, punitive, abandonnique parfois. »
L’interprétation de l’enfant, qui n’est pas encore équipé pour comprendre que la récompense n’est pas synonyme d’amour, est alors : « tu n’es pas à la hauteur de mes attentes. Tu m’as déçu. »
La sécurité émotionnelle de l’enfant est très vite ébranlée par ces composantes éducatives. Alors l’habitude de repousser ses « mauvais comportements » se poursuit en chacun de nous jusqu'à l'âge adulte et dans nos relations.
Et cela continuera à faire partie de nos relations et à être notre façon habituelle d'entrer en relation avec les autres jusqu'à ce que nous prenions la décision de le voir pleinement et d'en prendre véritablement conscience.
Comment l'abandon de soi se manifeste-t-il concrètement dans vos comportements relationnels ?
Vous cachez des parties de vous-même : vos goûts et dégoûts, vos opinions, vos pensées, vos caprices.
Vous abandonnez vos intérêts personnels pour plaire aux autres.
Vous doutez de vous-même.
Vous ne savez plus ce que vous ressentez parce que vous êtes tellement préoccupé ou inquiet de ce que l’autre ressent.
Vous allez à l'encontre de vos valeurs et priorités.
Vous craignez d'exprimer ce que vous voulez ou ce dont vous avez besoin.
Vous supposez que les autres savent mieux que vous ou en savent plus que vous.
Vos attentes envers vous-même sont trop élevées pour être vraiment satisfaites, en revanche vous vous contentez de très peu avec les autres.
Vous avez tendance à la négligence de soi et au manque de soins personnels
Vous fuyiez d’une manière ou d’une autre les sensations inconfortables.
Ce que vous voulez est clairement moins important que ce que veut l’autre.
Après avoir pris conscience, parfois violement, de votre tendance à la codépendance, l’étape suivante et tellement fondamentale, est la recherche et la réhabilitation de votre moi authentique.
Qui êtes-vous vraiment si l’amour de l’autre, sa validation, n’est plus une condition vitale à votre bien être et à votre sécurité ?
Votre moi authentique c'est ce que vous êtes lorsque vous ne faites plus semblant, que vous ne niez plus ou ne cachez plus une partie de qui vous êtes.
C'est simplement être ce que vous êtes. C'est abandonner les masques et embrasser ce qui est vraiment là sans jugement ni honte.
Votre moi authentique n'est pas la perfection.
Votre moi authentique est extrêmement imparfait. Parfaitement imparfait. Vous ferez encore des tonnes d'erreurs. Vous ressentirez toujours des émotions négatives, de la peur et de l'anxiété. Mais en tant que vous-même authentique, vous êtes conscient des choses qui sont imparfaites et vous ne choisissez plus de les cacher parce qu'elles ont été acceptées et considérées comme aimables par vous.
Lorsque vous les acceptez et que vous les considérez comme valables, vous ne dépendez plus de quelqu'un d'autre.
Et accepter ne veut pas dire pardonner.
Vous pouvez accepter quelque chose que vous n'aimez pas.
L'acceptation c'est permettre consciemment à cet aspect d'exister, que cela vous plaise ou non. Vous pouvez toujours vouloir changer, grandir davantage et guérir. Mais vous ne pouvez faire aucune de ces choses si vous niez qu'elle existe en vous
Plus nous pouvons accepter toutes les différentes parties et aspects de nous-mêmes, plus elles peuvent exister consciemment en nous, plus nous sommes libres.
Parce que tout cela : nier, rejeter et faire semblant, crée une sacrée résistance interne en nous et au fur et à mesure que nous prenons conscience et acceptons nos parties comme un tout, cette résistance interne se dissipe.
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